Notre Pride Queer Internationaliste pour la Libération n’est pas une rave party ! C’est un combat !
Nous sommes un réseau de personnes queer et trans reliées par un même objectif : un monde transformé où chacun·e d’entre nous vit débarrassé·e de toute oppression et discrimination systémiques, où nos sexualités peuvent être explorées et exprimées librement, où nos identités sont le fruit de notre autodétermination, où nos corps – tous les corps – sont libres d’exister, de choisir et de circuler, où nous prenons soin les un·es les autres, où il n’y a plus de frontières, plus d’armes, plus de police, où tout s’articule autour de notre bien-être, celui des animaux et de notre environnement. Nous contribuons tous à la construction de ce monde révolutionnaire à travers nos luttes quotidiennes.
Nous nous rassemblons dans cet esprit afin d’organiser la Pride Queer Internationaliste pour la Libération, une manifestation révolutionnaire conduite par des personnes queer et trans, où nous impliquons nos corps, nos voix et nos luttes dans l’espace public en solidarité, construisant notre autonomie collective pour étendre nos droits.
La libération queer ne peut être achevée qu’à travers une politique révolutionnaire : une existence rebelle qui défie la violence de la binarité de genre, des corps et de la sexualité normalisés, l’oppression coloniale, la criminalisation des travailleur·euses du sexe et le changement climatique, avec une perspective anti-coloniale et anti-capitaliste pour origine.
Notre identité queer s’oppose à la concentration des pouvoirs et des richesses dans les mains de quelques un·es qui continuent à profiter de plusieurs siècles d’exploitation, de génocides, de guerres et autres formes de colonialisme. À travers notre identité queer, nous imaginons et redéfinissons des formes alternatives d’existence, de vie et d’organisation. Face au bellicisme et au fascisme, nous affirmons notre détermination à survivre et à parvenir à nos objectifs, unis dans la solidarité et l’amour révolutionnaires. Nous disons à l’unisson : “personne n’est libre tant que nous ne le sommes pas tous !”.
La libération queer est internationaliste
Nous comprenons qu’être au plus près du pouvoir impérialiste nous oblige à provoquer le changement à la fois à l’échelle locale et mondiale, et à soutenir les luttes en cours.
Nous devons demander justice et réparation que l’Europe – et aujourd’hui l’Union Européenne – ont infligé à une majorité d’autres pays.
Nous devons lutter contre les structures qui, ici en Allemagne, profitent de l’exploitation et de la manipulation d’autres pays.
Nous devons être solidaires des communautés indigènes du monde entier dans leurs demandes de réparation et d’autodétermination.
Nous devons affirmer notre soutien aux luttes de ceux qui subissent les effets de l’ordre colonial européen.
Nous approuvons et continuons d’être solidaires avec les luttes libertaires et pour la justice dans le monde entier : Abya Yala, Îles de la tortue, Sahara occidental, Palestine, Kurdistan, Darfour, Aotearoa, Îlam tamoul, Cachemire, Papouasie occidentale, peuples aborigènes d’Australie, Berbères, Mapuches, Ouïghours et tous les peuples qui résistent à la violence colonisatrice. Nous nous opposons fermement aux tentatives de white-washing et de pink-washing des crimes en cours, et refusons le contrôle de nos opinions en Allemagne.
Tandis que nous condamnons l’horrible guerre contre l’Ukraine, et sommes solidaires du peuple Ukrainien, il est important de souligner l’hypocrisie et le “deux poids, deux mesures” des pays occidentaux. Non seulement en raison des autres guerres et injustices, mais aussi à cause des discriminations racistes contre les PANDC et réfugié·es de pays tiers. Voici un autre exemple de violence contre les communautés PANDC dont nous sommes quotidiennement témoins et victimes, qu’il s’agisse des réfugié·es Afghan·es à la frontière Belaruso-polonaise ou de ceux·elles qu’on laisse se noyer dans la mer Méditerranée ou qu’on livre aux mercenaires libyens meurtriers et à Frontex, financée par l’Union Européenne.
Le féminisme queer et trans sont au coeur de notre lutte libertaire
Nous défions le patriarcat et la normativité hétéro/cis et leurs systèmes d’oppression complices de toutes sortes : homophobie, transphobie, capitalisme rose, misogynoir et femo/homonationalisme.
Nous voyons le patriarcat et la normativité cis-héterosexuelle comme le fer de lance du colonialisme et du capitalisme ; il est par conséquent important de s’opposer à ces systèmes et leurs corollaires.
Les positions trans-exclusives et les groupes d’extrême-droite du monde entier attisent les flammes des haines antiféministe, homophobe et transphobe. Nous affirmons notre résistance contre ces courants.
Les transféminines et femmes trans sont particulièrement l’objet de discrimination, de violence et de féminicides, diabolisées et marginalisées même dans des espaces autoproclamés “sûrs”. La transmisogynie est mortelle, et nous sommes contraints de faire le deuil de trop nombreuses soeurs trans tuées chaque année par un système transmisogyne, classiste et raciste, à l’instar d’Ella Bayan récemment décédée à Berlin. Nous demandons à être traitées avec respect par toutes les institutions et à disposer d’un droit inconditionnel à l’autodétermination pour toutes les personnes trans, quel que soit leur statut légal, leur performance de genre ou leur milieu social.
Nous nous montrons également solidaires des travailleur·ses du sexe, dont beaucoup sont trans, queer, handicapé·es, parent isolé et/ou PANDC, dans leurs luttes contre la stigmatisation et les lois qui rendent leur travail dangereux et les poussent dans l’illégalité. Nous demandons la décriminalisation du travail du sexe et des migrations, seules mesures à même de soutenir et protéger les travailleur·ses du sexe. Il n’y a pas de sale pute, seulement des lois sales !
Par ailleurs, nous condamnons l’instrumentalisation des droits et identités queer par les politiques de pink-washing et les projects nationaux et coloniaux. Nous ne demandons pas simplement le marriage, nous demandons l’abolition de la suprématie hétéropatriarcale blanche capitaliste et ses avatars.
Le gouvernement allemand et l’Union européenne se servent de nos luttes pour leurs programmes politiques et économiques. Ils ne dénoncent les injustices faites à nos communautés – qu’ils encouragent par ailleurs en couvrant politiquement les régimes homophobes, transphobes et antiféministes – que lorsque leurs intérêts en dépendent. Nos droits et nos vies ne sont pas des instruments de politique étrangère allemande, et nous demandons que l’Allemagne et l’Union européenne arrêtent de soutenir les régimes qui contraignent notre existence.
La justice climatique, c’est la justice queer
Notre environnement a fait l’objet d’exploitation et d’oppression tout comme nos corps, nos vies et nos désirs. Ainsi, la justice climatique ne peut commencer qu’avec la prise de conscience que l’urgence climatique actuelle est la conséquence de 500 ans de colonialisme et de politiques extractivistes dans les pays du second et tiers-monde.
L’urgence climatique et le colonialisme sont des problèmes sociaux et écologiques étroitement liés : ils tournent au génocide, aux migrations forcées d’autochtones, au pillage des resources naturelles, à l’acculturation, à la destruction des écosystèmes, à l’exploitation des peuples salariés à bas revenu, à l’exploitation d’autres espèces, à la pollution des sols, de l’air et de l’eau.
Par conséquent, nous devons renverser les politiques occidentales conventionnelles agrégées autour de l’objectif des 1,5°C et du greenwashing. La justice climatique ne sera achevée qu’à travers les changements sociaux et écologiques au coeur du projet anticolonial et anticapitaliste.
Santé, éducation, autodétermination, égalité et logement sont des droits de base
Les populations racialisées, au genre non-conforme et précaires sont celles qui souffrent le plus pour survivre dans ce système capitaliste focalisé sur les profits financiers, qu’il s’agisse du système de soin, du logement, de l’égalité en droits et de l’accès aux droits.
Nous luttons pour un système de santé gratuit, à l’inverse des dispositifs en place qui contribuent à la précarité des personnes queer et trans pour lesquelles l’accès aux soins est particulièrement crucial compte tenu des violences hétérosexuelles, cis, et patriarcales auxquelles nous sommes confronté·es quotidiennement. Un service de santé gratuit est un droit basique.
Nous avons besoin de logements abordables et la recommunalisation de 240 000 habitations tel que réclamé par le mouvement “Exproprier Deutsche Wohnen”, parce qu’il s’agit d’un droit de base et que la ville de Berlin comme l’Allemagne toute entière ont les ressources, les terrains et la capacité d’y parvenir. Les Berlinois·es ont lancé un signal clair lors du referendum de 2021, mais les pouvoirs en place se font les complices des mafias immobilières en privilégiant leurs intérêts privés plutôt que la volonté démocratique.
Nous souhaitons également un accès à l’éducation pour tous. Celle-ci doit respecter toutes les identités de genre à égalité, encourager l’exploration et le développement de nos identités et de nos sexualités.
Les frontières tuent, de même que les services de l’immigration et la politique anti migrants des états-nations. Nous sommes tous légaux·ales et disposons du même droit de vivre dignement. Nous continuerons la lutte pour l’abolition des frontières et pour rendre Frontex et autres mercenaires frontaliers comptables de leurs méfaits, pour la redéfinition des politiques migratoires autour des vies humaines et du bien-être. Nous continuerons de lutter pour un accès facilité au permis de résidence permanente en Allemagne et dans le reste de l’Union Européenne pour ceux·elles qui souhaitent jouir ici de la liberté de circulation et d’installation, et pour ceux·elles pour lesquel·lles la traversée des frontières imposées est une question de survie et de sécurité.
Responsabilité et autodétermination sur nos propres corps sont une priorité absolue de nos combats. Cela suppose de démanteler toutes les formes de criminalisation et de stigmatisation de l’avortement et de garantir l’accès libre et gratuit à la chirurgie d’affirmation sexuelle correspondant à la perception de genre individuelle sans aucune restriction ni pathologisation.
Notre libération queer est ancrée dans l’activisme antimilitariste, anti-flics et pacifiste !
Nous condamnons fermement toutes les guerres, invasions impérialistes et interventions néocoloniales. Il est également important de dénoncer les industries d’armement allemande, européenne et américaine ainsi que le soutient financier qu’elles reçoivent par l’impôt. Les armes et technologies militaires ou de surveillance de masse exportées par l’Allemagne sont utilisées par des gouvernements autoritaires et des dictatures et aggravent les attaques contre les civils au moyen orient, en Afrique et en Amérique latine.
Nous sommes solidaires des prisonniers politiques du monde entier, des assigné·es à résidence, de tous·tes ceux·elles qui sont détenu·es et torturé·es en raison de leurs convictions politiques. Notre solidarité s’adresse en particulier à ceux·lles qui sont persécuté·es du fait de leur identité queer.
En tant que queers, nous sommes familiers des dangers que représente la police, étant nous-mêmes victimes des violences policières ainsi que du flicage social, économique et médical de nos corps, identités et expression. Nous voulons bâtir un monde queer sans police, qu’elles soient armées et en uniforme ou ancrée dans le contrôle social et les mesures coercitives subis quotidiennement en Allemagne par les migrants et les personnes racialisées, y compris dans les milieux dits “de gauche”.
Nous avons besoin d’un monde où notre amour de la liberté, de la justice, notre amour propre et notre amour des autres sont notre force motrice. Un monde d’émulation permanente dans la camaraderie, où nous apprenons des autres et de nos erreurs.
Personne n’est libre tant que nous ne le sommes pas tous !